Jadis avoit en la cité d’Athènes
Fleur d’estude de clergie souvraine ;
Mais, non obstant les sentences certaines
De leur grant sens, une erreur trop vilaine
Les decepvoit, car pluseurs divers dieux
Aouroient, dont aucuns pour leur mieulx
Y preschierent qu’ilz devoient savoir
Qu’il n’est qu’un Dieu, mais mal en prist à cieux ;
On est souvent batu pour dire voir.
Aristote le très sage, aux haultaines
Sciences prompt, d’ycelle cité, pleine
De tel erreur, fu fuitis ; maintes peines
Il en souffri Socrates qui fontaine
De sens estoit ; fu chaciéde cil lieux
Pluseurs autres occis des envieulx
Pour verité dire, et apercevoir
Peut bien chascun que partout soubz les cieulx
On est souvent batu pour dire voir.
Se ainsi va des sentences mondaines ;
Pour ce le di que pluseurs ont ataine
Sur moy, pour tant que paroles très vaines,
Deshonnestes et diffame incertaine,
Reprendre osay, en jeunes et en vieulx,
Et le Romant, plaisant aux curieux,
De la Rose, que l’en devroit ardoir !
Mais pour ce mot maint me sauldroit aux yeux
On est souvent batu pour dire voir.
Princes, certes, voir dire est anyeux
Aux mençongeurs qui veulent decevoir,
Pour ce au pere voit on mentir le fieulx :
On est souvent batu pour dire voir.